14 ans et Portée Disparue - Arielle Desabysses

Résumé :

Arielle, quatorze ans, se rebelle contre l'autorité de son père. Un beau matin de printemps, elle fugue, fait semblant de partir pour l'école et se retrouve le soir à Montréal. Le jour décline ; désorientée, l'adolescente se réfugie sur un banc dans un parc. Épuisée, frigorifiée, elle s'endort. Au milieu de la nuit, quelqu'un fouille dans son sac, puis tout va très vite. Elle est violée, battue par deux hommes. Au petit matin, un inconnu semble lui offrir son aide, mais sa descente aux enfers n'en est qu'à son prologue. Elle se retrouve malgré elle dans un réseau de trafic humain, là où les jeunes filles de son âge sont esclaves sexuelles... Ce long cauchemar va durer deux mois, une éternité pour cette enfant.

Aujourd'hui, plus de douze ans après, avec courage elle se reconstruit, et se bat pour alerter l'opinion publique. Si près de 3 000 fugues par an sont à déplorer à Montréal, plus de 50 000 mineurs sont concernés en France. Combien sont, comme Arielle, des victimes ?

Je me suis intéressée à ce livre car j'avais lu Ne dis rien à maman, et Angie 13 ans et disparue, et ayant beaucoup aimé ces deux-là, une vendeuse m'a conseillé celui-ci. Ce qu'elle a en revanche oublié de me dire quand elle m'a présenté le livre, c'est que c'est une autobiographie et que ça avait été écrit par une Québécoise. Habituellement je suis un peu réticente à l'idée de lire des autobiographies, je ne sais pas trop pourquoi, mais je ne suis pas à l'aise avec ce genre de livre. J'ai donc appris tout ça en lisant le livre.

Tout d'abord, j'ai été gênée par l'écriture québécoise. Les expressions québécoises, j'ai eu un peu de mal, je ne m'y attendais pas alors quand j'ai lu des "esti" et des "tabarnac" j'ai été un peu surprise et j'ai eu du mal à les interpréter correctement je pense. J'ai dû regarder la signification car je ne savais pas vraiment comment les interpréter même si avec le contexte c'était compréhensible.

De plus, je ne sais pas, j'ai eu du mal avec le style d'écriture... Peut-être à cause du fait que tout me semblait analysé et raconté avec un certain détachement ? J'ai eu du mal à ressentir les émotions d'Arielle. Certes j'ai été choquée, attristée, révoltée, par tout ce qui lui est arrivé mais j'ai eu beaucoup de mal à imaginer ce qu'elle avait pu ressentir à cause du style d'écriture. Je suppose que c'est parce-que c'est une autobiographie, c'était une façon pour l'auteure de réussir à s'exprimer. Et je pense qu'elle l'a fait plus pour exposer ce qui lui est arrivé, pour exposer ce qu'il se passe dans le monde, que pour nous faire ressentir quelque chose envers elle en particulier.

Il est aujourd'hui assez fréquent que l'on entende parler de la fugue d'un adolescent mais il est assez rare que ces jeunes parlent de ce qu'ils ont vécu durant leur fugue, qu'ils témoignent de ce qu'ils ont subit. Arielle en témoigne, des années plus tard certes, mais elle le fait avec un courage inestimable. En effet, elle a été violée, a été droguée, s'est droguée, est devenue danseuse nue pour payer sa drogue et se faire un peu d'argent, elle va également se retrouver dans un trafic humain de jeune fille de son âge... 

Plusieurs fois, confrontée à ce qu'Arielle a vécu, je me suis dis "mais comment c'est possible ?", "pourquoi tout le monde s'acharne contre elle ?", "pourquoi personne ne prend soin d'elle ?". Plusieurs fois, je me suis dis que ce n'était pas possible, que ça ne pouvait être réel. Mais tout dans ce livre respire l'honnêteté et la vérité, aussi dure soit elle à accepter. Comme elle se décrit à la fin de son livre, je m'y retrouve un peu lorsqu'elle se décrit comme hypersensible émotivement car je suis très vite touchée, émue par beaucoup de choses, et je suis incapable, tout comme Arielle, de croire que l'humain peut-être mauvais. 

Ce témoignage est vraiment touchant et en même temps, cru et dur, on n'imagine pas tout ce qu'on peut vivre en tant que jeune fille dans la rue. Elle a vécu un cauchemar, et encore le mot est faible. J'ai été frappée par le fait qu'il ait pu lui arriver tant de mauvaises choses, tant de cruauté, et tout ça seulement en l'espace de deux mois. Grâce à ce témoignage, on se rend compte que le danger est à chaque coin de rue et qu'on est en sécurité nulle part.

J'aimerai que d'autres jeunes, plus jeunes ou plus vieux, lisent ce témoignage. Cela pourrait les dissuader de fuguer de chez eux même s'ils pensent faire le bon choix. Mais ils ne se rendent pas compte à quoi ils seront confrontés dehors. J'ai vraiment été touché ce récit autobiographique. Un beau témoignage, touchant et qui fait réfléchir sur ce monde qui est le notre.

Je savais bien que l'univers est constitué de magnificence et d'horreur et que nous devons tous endosser notre part respective de ces deux mondes opposés. La félicité et la détresse, le bien et le mal, le courage et la peur, la confiance et la déception, l'amour et le risque, la vie te la mort. L'un ne va pas sans l'autre. En fait, l'un ne peut exister sans l'autre. Tenter de les disjoindre serait un éternel échec. Quand on a l'un, on percute l'autre inévitablement . Mais je croyais intimement avoir réglé ma part de négatif, je réclamais maintenant mon dû positif. Je voulais goûter au bonheur qu'on voit dans les feuilletons télévisés américains, me délecter de toute cette tendresse qu'on retrouve dans les romans d'amour, de tous ces délices qu'on nous vend dans les contes de fées. Je voulais enfin être heureuse...